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25.11.2021

Difficultés de recrutement : les acteurs de la profession témoignent !

De nombreux acteurs de la profession font état de difficultés de recrutement croissantes, en B2B comme en B2C. Pour expliquer ce problème et tâcher d’y apporter des solutions, à tout le moins des pistes de réflexion, le mieux est encore de laisser les professionnels s’exprimer sur ce sujet : à eux la parole !


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JEAN-CHARLES VOGLEY, CNEF/FNAEM/FENACEREM

Jean-Charles Vogley, directeur général, CNEF ; secrétaire général, FNAEM ET FENACEREM

« Permettre aux entreprises et aux recrues du négoce de l’ameublement de s’adapter aux mutations actuelles du commerce via la formation »

« Si elle n’est pas nouvelle et pénalise depuis quelques temps déjà les métiers du commerce, dont ceux qui concernent de manière plus spécifique l’habitat, la problématique du recrutement peut effectivement être considérée comme un vrai sujet d’actualité.

J’y vois, pour ma part, un problème d’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi, notamment en matière de compétences. Je m’explique : plus les métiers du commerce exigent du candidat des compétences techniques, notamment digitales, dans l’exercice de leur fonction, plus le recrutement est ardu ! C’est vrai pour les vendeurs de cuisine, du reste, comme pour leurs homologues œuvrant dans les secteurs du meuble, de la literie, de la décoration… ou encore pour les techniciens SAV spécialistes de l’électroménager. Le degré d’exigence des recruteurs découle de la technicité croissante des produits vendus et des technologies mises en pratique, pour la commercialisation comme pour les prestations de services.

La solution passe donc sans doute par un effort plus soutenu encore en matière de formations offrant des perspectives de spécialisation et d’évolution. C’est d’ailleurs ce qu’a entrepris de faire la FNAEM en lançant cet été, après plus de deux ans d’un travail paritaire intense avec les organisations syndicales au sein de la CPNEF (Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi et la Formation) de la branche ameublement, le nouveau Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) « Vendeur(euse) – Conseil en Équipement du Foyer ». Destiné à répondre aux attentes croissantes des magasins adhérents FNAEM et FENACEREM, celui-ci propose une véritable spécialisation par famille de produit. Cinq spécialisations sont en effet disponibles, avec un programme spécifique pour chacune d’entre elles : luminaire, meubles-rangements, tapis-moquette, literie et sanitaires-éviers.

Avec cette nouvelle formation, le négoce de l’ameublement dispose désormais, selon moi, d’un outil supplémentaire précieux pour valoriser ses métiers auprès des jeunes, pour offrir à ses salariés des évolutions de carrière… et pour adapter ses entreprises aux mutations actuelles du commerce. »

AMANDA CLOUZEAU, CONCEPTEUR VENDEUR/SNEC

Amanda Clouzeau, fondatrice et dirigeante, concepteur-vendeur.fr ; vice-présidente, SNEC

« Plus de 1000 offres d’emploi étaient consultables sur le site en juin 2021! »

« Le site Concepteur Vendeur, que j’ai fondé en 2012 et que je dirige (ce site Internet d’offres d’emploi spécialisé dans l’habitat – cuisine, salle de bains, meubles et agencement d’intérieur – compte une CVThèque de plus de 50000 candidats dans toute la France, ainsi que plus de 500 enseignes issues du secteur de l’Habitat dans tout l’Hexagone, aussi bien enseignes nationales que cuisinistes), n’avait jamais connu, jusqu’alors, de telles statistiques en matière d’offres d’emploi mises en ligne : songez que plus de 1 000 postes étaient à pourvoir en juin dernier.

Pendant cette période au cours de laquelle les concepteurs vendeurs expérimentés sont devenus des métiers en forte tension (du fait d’une pénurie de jeunes à former et d’une reconversion pour d’autres ne souhaitant plus travailler les week-ends), nous avons communiqué auprès des écoles (BTS NDRC, MCO, Agenceur Design d’espaces, etc.) pour promouvoir ce secteur d’activité méconnu des jeunes et des personnes en reconversion professionnelle touchées par la crise (secteur automobile, immobilier, hôtellerie, restauration, etc.).

Je tiens d’ailleurs à préciser que pour remédier à ce problème, le SNEC s’est emparé de cette problématique qui touche l’ensemble de nos adhérents par le biais de notre Commission «Communication, Animation et Recrutement», co-animée par Stéphane Véron, Dirigeant MSA France, et moi-même.
Nous avons donc lancé une grande campagne de communication sponsorisée sur les réseaux sociaux destinée à promouvoir les différents métiers proposés par la filière (concepteur vendeur, poseur, artisan agenceur, etc.) avec des Zooms Métiers, ainsi qu’avec des témoignages fonctionnant très bien auprès des jeunes, car ils leur permettent de découvrir toutes les carrières possibles et évolutives dans notre secteur d’activité !

À l’heure où je vous parle, plus de 3000 postes concernant ces métiers passionnants sont à pourvoir dans le secteur de la cuisine équipée sur mesure ! »

ROBERTO DRAPRON, LA FABRIQUE

Roberto Drapron, enseignant-formateur, La Fabrique

« Prenons garde à ne pas trop demander de nos recrues, à ne pas les contraindre à faire du merchandising en même temps que de la vente, par exemple. »

« Ces difficultés de recrutement que rencontre la profession ne datent pas d’hier ; elles pénalisent depuis plusieurs années certains secteurs d’activité, notamment en B2C. Ça n’est d’ailleurs pas pour rien que le secteur de l’habitat dispose d’un site Internet, Concepteur Vendeur, animé par Amanda Clouzeau et dédié notamment à la recherche de concepteurs vendeurs de cuisines équipées! Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que la pénurie de vendeurs – qui touchait plus particulièrement, avant la crise, les zones urbaines, notamment métropolitaines – concerne désormais les régions périurbaines également.

Au fond, la pandémie n’aura constitué qu’un catalyseur de cette problématique : n’oubliez pas d’ailleurs que, pendant plus d’un an, nous avons beaucoup moins formé, et longtemps dans des conditions qui étaient tout sauf idéales… Sans doute la profession paie- t-elle aujourd’hui cette carence.

Je constate d’autre part une incompréhension parfois totale entre certains jeunes vendeurs, soumis à leurs propres codes et décidés à imposer leur manière de voir les choses, et des consommateurs dont les comportements d’achat ont beaucoup évolué : en offrant aux particuliers la possibilité d’échanger ou de retourner les produits qui ne leur conviennent pas, la grande distribution – et plus particulièrement le bricolage – leur a inculqué des habitudes et des exigences qui ne conviennent pas à tous les commerces, notamment les nôtres. Aussi suis-je désormais confronté à de jeunes vendeurs qui, parfois, ne veulent plus avoir affaire aux clients ; ce qui est un comble, vous en conviendrez !

Quand j’analyse ce problème en ma qualité d’enseignant-formateur, j’ai tendance à penser que, pour y remédier, nous devons absolument mettre sur pied une certification qui constitue l’équivalent d’un BAC+3, afin de récupérer, notamment, les BTS MCO (Management Commercial Opérationnel), ou encore les BUT (Bachelor Universitaire de Technologie). Par ailleurs, prenons garde à ne pas trop demander de nos recrues… Ne les contraignons pas, entre autres, à faire du merchandising ou de la prospection hors magasin, alors qu’ils ont une fiche de poste déjà très lourde; en plus de la vente, la gestion de commande, le pilotage de chantier et la gestion du SAV. »

CHRISTIAN SARROT, SNEC

Christian Sarrot, secrétaire général, SNEC

«Les maîtres-mots du recrutement SNEC : susciter l’envie des métiers de la cuisine équipée et de l’habitat sur mesure par le biais de CDI et de rémunérations correspondant aux postes proposés… et offrir un vrai parcours professionnel aux candidats ! »

« Le SNEC est naturellement à l’avant-garde des difficultés de recrutement que connaît actuellement la profession. À ce titre, nous nous sommes emparés énergiquement de ce sujet dès le printemps dernier en initiant une première campagne de communication sur les réseaux sociaux destinée àpromouvoir les différents métiers de la filière : concepteur vendeur, artisan agenceur, poseur, chef des ventes, etc. Par ailleurs, il nous incombe – et j’entends par là toute la filière – d’initier une réflexion sur la manière dont nous recrutons. En ce qui me concerne, j’ai l’intime conviction que la profession, si elle veut remédier à ce problème de manière durable, doit faire des efforts particuliers sur trois points bien précis :
– Tout d’abord, susciter l’envie ; c’est ce qu’a entrepris de faire le SNEC par le biais d’une première campagne de communication sur
les réseaux sociaux « 3000 postes à pourvoir en CDI! »
– Ensuite, proposer un contrat d’embauche qualitatif aux rémunérations correspondant aux postes proposés.
– Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, proposer un « vrai » parcours professionnel aux candidats, qui pourrait les
conduire, à terme, du poste de concepteur vendeur à celui de manager des ventes, par exemple, puis obtenir l’opportunité de devenir directeur de magasin.

Ce recrutement repose notamment sur des formules dîplomantes : je songe notamment aux fameux CQP (certificats de qualification professionnelle) dont l’efficacité n’est plus à établir par le biais de centres de formation homologués… mais aussi à des formations plus courtes, proposant tout un panel de compétences nécessaires aux nouvelles approches-consommateurs : ergonomie, assistance juridique, équipements (lumières, design, plans de travail, éviers et hottes, électroménager, etc). Ces formats courts conviendraient à merveille aux demandeurs d’emploi ainsi qu’aux profils en reconversion : les candidats venant de l’hôtellerie ou de la restauration, par exemple, dont le secteur est particulièrement friand, mais également les décorateurs d’intérieur, dont les compétences reconnues dans le domaine de l’habitat sur mesure sont de plus en plus convoitées par nos professionnels. »

STÉPHANE TREBOUX, STF

« Notre politique, en B2C, n’est plus tant de recruter que de fidéliser nos concepteurs-vendeurs, dont les compétences suscitent toutes les convoitises ! »

« Les usines du groupe étant situées en Haute-Savoie, en Gironde et en Ille-et-Vilaine, je suis bien placé pour constater que la problématique du recrutement n’est pas locale, mais bel et bien nationale!

Dans le domaine du B2B, nous connaissons, comme tous nos confrères, des difficultés pour recruter des opérateurs de production, notamment pour tout ce qui concerne les métiers dits à pénibilité ; je songe au chargement des camions, par exemple. Le problème du recrutement en production est réel, mais gérable: nos exigences à l’embauche ne concernent pas tant la formation – car ça, nous savons le faire in-situ, devant les machines – mais plutôt l’engagement, le courage et la motivation!

En revanche, la problématique de recrutement en B2C – nous possédons sept magasins en direct proches de nos sites de production – est tout autre! Nous ne trouvons ni concepteurs-vendeurs, ni poseurs! Pire encore, notre politique, à ce jour, n’est plus tant de recruter que de tout mettre en œuvre pour fidéliser nos salariés dont les compétences, acquises du fait du niveau de gamme élevé de nos marques et de notre expertise, suscitent toutes les convoitises !

En somme, la philosophie d’entreprise que je m’efforce d’insuffler depuis toutes ces années aux différentes entités du groupe intègre cette notion de fidélisation : comment faire en sorte que les employés que nous avons formés demeurent à nos côtés ? Enfin, je précise que nous accueillons à bras ouverts, à l’heure où je vous parle, les anciens salariés de la restauration ou de l’hôtellerie, qui font preuve d’un courage et d’un sens inné du service comblant toutes nos attentes ! »

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