Nous avons privilégié la maison individuelle qu’un particulier fait construire pour son usage personnel en toute liberté de conception, mais sans ignorer le cas de l’appartement sur plan.

Proche de Paris, cette maison d’architecte abrite 5 personnes au quotidien et se dote d’une cuisine à double vocation. La première familiale se concentre autour de l’îlot dans un volume « cocon » avec un plan table intégré pour les repas quotidiens. La seconde plus spectaculaire gravite autour d’une table design (1 = 2 de Jean Nouvel) dans un volume cathédrale, en prise directe avec la nature depuis un vaste balcon terrasse en hauteur. CUISINE DARTY. MAÎTRISE D’OEUVRE, AGENCE EQUATOR PARIS
Dans l’approche qui nous occupe, le projet de construction ou d’extension d’une maison est élaboré entre le client et un architecte ou une entreprise générale. En effet, le recours à l’architecte, dans l’esprit de la Loi n° 77-2 du 301/1977, n’est obligatoire que si la construction dépasse 170m2 d’emprise au sol*. La récente loi du 1er mars 2012 a en effet fusionné SHON et SHOB pour ne garder que le terme d’emprise au sol. Mais rien ne vous empêche de recourir au talent d’un architecte pour une surface inférieure à ce seuil car, loin d’être une contrainte, le recours à ce professionnel du volume apporte une indiscutable plus value à votre bien.
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LES INTERVENANTS
L’architecte
Lorsque vous confiez votre projet à un architecte DPLG* ou d’intérieur*, vous allez lui exprimer vos envies, vos attentes que celui-ci va devoir formaliser en esthétique et en volume. Ensemble vous hiérarchisez les priorités selon votre mode de vie et… votre enveloppe budgétaire. À lui de déterminer la part du réalisable pour concrétiser… votre rêve. Il y a un engagement formel de sa part à respecter le budget fixé : si certains impondérables lors de la consultation des entreprises viennent grossir les montants ,initiaux (exemple des fondations spéciales…), il doit reprendre le dossier afin de répercuter ce coût. Un dossier fait toujours l’objet de nombreux aller-retour afin d’équilibrer les comptes sans dénaturer le projet. La tentation est parfois grande de jeter de la poudre aux yeux du client pour lui faire avaler des dérapages mais ce n’est pas dans l’éthique de sa mission. Tout au long du projet, il vous accompagne et défend vos intérêts. Votre projet c’est aussi ,le sien : c’est pour cela que l’on parle de maître d’oeuvre !
Sa mission est variable. Elle peut être :
- Restreinte : elle comprend le projet architectural (la conception générale de la maison), l’élaboration des plans, le chiffrage des travaux par poste, le dépôt et le suivi du PC* en cas de demande complémentaire. S’arrête avec l’obtention du PC. Mais l’architecte garde un droit de regard sur la conformité de l’exécution par rapport au projet déposé. Les honoraires se calculent en % du montant total ,des travaux. S’ils sont de 10 % environ pour une mission globale, dans la mission restreinte ils seront de 30 % de ces 10 %. Ex : si les travaux font 350 00 € = 35000 d’honoraires. Si mission restreinte, les honoraires sont de 30 % de 35000€ soit, 10500€.
- Étendue : elle englobe le dépôt du PC et le suivi de chantier jusqu’à la réception finale des travaux. Cela comprend les appels d’offres des entreprises, leur choix avec le client et le suivi complet et régulier des travaux. L’architecte est alors l’unique interlocuteur du mo* : il fait l’interface entre les entreprises (le choix de celles-ci se fait en accord avec le mo) et les sous-traitants car il parle « le même langage »; si un désaccord surgit quand à la bonne exécution, vous devez lui en référer afin de ne pas court-circuiter l’entreprise. Il contrôle leurs assurances (obligatoires), les délais d’exécution (signe les ordres de service), adapte en cours de chantier les modifications (on peut toujours modifier) si nécessaire. Enfin, il doit garantir la tenue des délais car il a à coeur d’obtenir des résultats et de les valider. Il signe avec vous la réception de chantier, point de départ des garanties.
Les honoraires sont calculés sur le montant initial total des travaux, soit env.10 %. Toutefois une clause au contrat stipule que ce montant est réévalué lorsque le dossier est définitif afin de répercuter d’éventuelles modifications demandées par le client en cours de dossier. Par exemple l’ajout d’une terrasse ou d’une piscine non prévue, qui accroissent d’autant le montant initial.

Conception étonnante pour cette maison dotée de deux cuisines : une d’intérieur et une d’été, l’ensemble dans un espace en L de 11 m. Double équipement et une ouverture totale sur le jardin : un sur mesure total, conçu et réalisé par le maître d’ouvrage lui-même ! CUISINE EGGERSMANN PAR VÔTRE CUISINE
L’entreprise générale de travaux
Par son expérience de chaque corps de métier, elle peut mener à bien votre projet de construction depuis la conception jusqu’à la livraison. Cela implique pour vous d’avoir en amont planché sur le projet et en aval d’avoir le répondant pour suivre le chantier au quotidien. Certains adorent, d’autres en gardent des souvenirs éprouvants !
Il faut bien mesurer à ce stade ce que cela implique de complexité de langage pour un profane lorsqu’il est face à des décisions lourdes en matière de construction. Décisions rapides car toute entreprise se doit d’agir dans un délai défini au début des travaux. C’est elle aussi qui gère les sous-traitants intervenant sur le chantier et c’est à elle que vous référez en cas de désaccord sur l’exécution. Tout changement signifiant en cours de travaux se traduit par un retard d’exécution pour elle et se chiffre pour vous lourdement dans le règlement final, voire se termine en litiges.
Règle générale : mieux vaut prévoir large dans les prestations et en enlever plutôt qu’en rajouter en cours de chantier. Les prix grimpent très vite dans l’urgence. S’agissant d’un contrat entre vous et l’entreprise, vous prendrez soin d’en fixer les termes au préalable.
À noter que les travaux peuvent être aussi exécutés en corps d’état séparés par des entreprises indépendantes, autonomes dans leur spécialité. Elles sont toujours coordonnées par le maître d’oeuvre.
La cuisine ouverte : le regard du pro
Dominique Lim et Amélie Suchodolski, architectes à l’agence AAABechu & Associés
C’est tentant quand c’est bien rangé et dans un grand volume, mais dans le quotidien ramené à la surface moyenne d’un 3/4 pièces, l’esthétique en pâtit souvent ». La cuisine idéale doit plutôt ressembler à une platine de mixage où le cuisinier, tel un DJ, passe d’un appareil à l’autre avec une ergonomie décuplée. Dans l’idéal, on doit pouvoir manger à proximité : ergonomie et mode de vie viennent donc en premier plan. Les contraintes techniques arrivent juste après. Même lors d’un achat sur plan, on peut modifier la donne et l’architecte est là pour analyser la faisabilité de l’envie dans le budget ; ex. faire un faux plancher pour passer les réseaux… afin d’aller mettre la cuisine dans un autre coin de la pièce est faisable ; c’est une question de coût ! Et c’est notre rôle de déterminer la par t du réalisable.

Une maison lumineuse dont l’attrait principal réside dans un espace de vie surélevé par rapport au niveau jardin. Un plan astucieux a intégré l’arrière-cuisine au même niveau que les pièces de vie et propose un espace pour les machines à côté de la cuisine. CUISINE EGGERSMANN PAR VÔTRE CUISINE MAÎTRISE D’OEUVRE, JENNIFER PETER, ARCHITECTE DPLG
LES GARANTIES
La Garantie Décennale – Elle couvre pendant 10 ans les dommages graves qui « compromettent la solidité de l’ouvrage et le rendent impropre à sa destination » ; elle inclut les équipements solidaires du bâtiment, murs, toiture, canalisations encastrées…. L’architecte et l’entreprise générale souscrivent une assurance décennale. Ils sont responsables personnellement pendant 10 ans des désordres sur l’ouvrage.
La GPA – Garantie de Parfait Achèvement – concerne les désordres constatés lors de la réception du chantier, ou pouvant survenir pendant la première année qui la suit.
La GBF – Garantie de Bon Fonctionnement – couvre pendant 2 ans toutes malfaçons concernant les équipements « non solidaires » de l’ouvrage : peintures, radiateurs, sanitaires, et même portes et fenêtres.
Pour plus d’infos sur ces questions vous pouvez consulter : www.legifrance.gouv.fr dans le Code Civil (art. 1792-1, 1792-2, et suivants) et dans le Code des Assurances (art. L 241, 242 et suivants).
La place de la cuisine dans la maison : le regard du pro
Jean-François Provost, architecte DPLG à l’agence JFP Architecture
La place de la cuisine dans la maison s’appréhende dans un double rapport avec l’espace de vie intérieur ET extérieur. Dans une maison, l’orientation des pièces et les vues qui se prolongent parfois à l’infini sur un décor unique par ticipent du bien-être de ses occupants. La cuisine se projette sur l’extérieur au-delà des murs pour englober terrasse, jardin, véranda en un vaste espace que l’on exploite au gré des saisons et… des latitudes. Autre point-clé dans une maison, la ventilation naturelle, qu’il faut équilibrer entre fenêtres et VMC sous peine de dégradation et mauvaises odeurs. Une VMC n’interdit pas d’ouvrir les fenêtres ! Par ailleurs il serait bon de remettre à l’honneur… l’arrière-cuisine. Ce local attenant à la cuisine dans l’idéal mais qui peut se réduire à un grand placard, à l’instar des offices d’antan, permet de délester la cuisine des objets et provisions encombrants et de lui rendre ainsi son caractère convivial. Une piste à réexplorer qui mérite un peu d’attention et qu’on lui consacre quelques m2 de confort.
LES DÉLAIS
Ils sont définis par l’architecte et/ou l’entreprise en fonction de la complexité des travaux et sont mentionnés dans les contrats que vous signez au démarrage des travaux. Ceux de la cuisine se prévoient bien sûr dès l’origine du projet et elle sera réalisée par l’interlocuteur de votre choix selon le circuit choisi (voir p. 46), mais pour la bonne marche du chantier, l’architecte et l’entreprise devront s’accorder afin de prévoir les attentes nécessaires à son bon fonctionnement. Elle sera installée à la fin du chantier afin de ne pas prendre de risque de l’abîmer pendant les travaux de gros œuvre. À vous de faire le compte à rebours avec le cuisiniste pour connaître la date à laquelle vous pourrez en disposer.
Les normes PMR : le regard du pro
Jean-François Provost de l’agence JFP architecture
Les normes PMR imposent aux constructeurs une cuisine d’environ 9m2 qui, exempte de cloison, se fond avec le salon car la surface est comptée. La seule démarcation est… au sol. On en revient donc à la pièce commune d’antan ; en a-t-on vraiment envie ? Il faut penser le rôle de la cuisine selon ses utilisateurs. Cuisine laboratoire ou cuisine spectacle ? Sur ce dernier point le profil social est très clivant. Enfin, dans les plans actuels, même en haut de gamme, la cuisine est casée au fond d’une pièce à vivre à l’opposé de la lumière naturelle et des aérations : une aberration totale car on se retrouve à cuisiner dos aux fenêtres sous des leds. Sans parler des odeurs ! Les seules VMC et hotte à recyclage ne suffisent pas à renouveler l’air. Autant de questions déterminantes et ouvertes.

Avec vue sur de célèbres vignobles, cette maison d’architecte est intégrée avec naturel dans ce paysage protégé grâce à ses matériaux, pierre sèche et métal oxydé, dans le registre régional. Une vue à couper le souffle sublime tout l’espace intérieur, cuisine comprise…

Minimaliste en rangement, celle-ci se concentre autour de l’îlot qui passe de la table à la terrasse. Détail fonctionnel et élégant : elle se décharge d’un « office » aménagé dans un grand placard situé dans l’entrée contiguë. JFP Architecture. CUISINE MOBALPA MAÎTRISE D’OEUVRE, JEAN-FRANÇOIS PROVOST, ARCHITECTE DPLG, AGENCE JFP ARCHITECTURE
LE CAS DE L’APPARTEMENT SUR PLAN
Lorsqu’un particulier achète un appartement sur plan (en VEFA*), celui-ci est livré avec une cuisine « équipée », a minima d’un meuble évier, que la loi impose, ou plus, selon le standing du promoteur. Ce plan, élaboré entre le promoteur et l’architecte désigné doit résoudre l’équation surface/ergonomie en rentabilisant au mieux le m2 dans un cadre législatif strict. La loi Handicap impose notamment aux promoteurs (privés et publics) des normes de dégagement d’1,50 m, correspondant à la rotation d’un fauteuil roulant, devant les appareils sanitaires et culinaires (évier, cuisson, froid…) dans TOUS les logements ! Une belle avancée certes et qui n’est pas sans incidence sur la configuration des appartements et cuisines dans le neuf. L’acheteur peut demander des modifications sur plan lors de la commande ; en général elles sont payantes.
Le neuf sur plan : le regard du pro
Dominique Lim et Amélie Suchodolski, architectes à l’agence AAABechu & Associés
Le plus difficile dans le neuf sur plan est de saisir le mode vie des utilisateurs… que l’on ne connaît pas. On doit idéaliser et généraliser un plan type qui conviendra au plus grand nombre. Après il faut surmonter de vieux clichés de la promotion comme celui de l’évier devant la fenêtre ; une vision dépassée par notre mode de vie actuel. De plus, dans ce schéma, la fenêtre ne doit pas buter contre le robinet : nous avons adopté comme hauteur d’allège celle… d’une bouteille de vin ; une mesure étalon originale que l’on peut retenir pour cacher l’évier placé derrière un plan snack.
- Voir aussi :
- La rénovation lourde
- Construire ou faire rénover sa cuisine ?
- Faire poser sa cuisine : quelles possibilités ?
- Rénover sa cuisine à moindre coût
- Construire à neuf
- Construire ou faire rénover sa cuisine ?
- Faire poser sa cuisine : quelles possibilités ?
- Quelle disposition pour sa cuisine ?
- Trouver un professionnel