Cuisine Darty. Maître d’oeuvre, Agence Equator Paris. Photo J-F B
Faire poser sa cuisine n’est, en général, pas un long fleuve tranquille. Comme pour tous travaux, les aléas sont divers car les acteurs nombreux. Entre le cuisiniste, l’architecte et les artisans, pas facile de s’y retrouver. À tel point qu’un peu d’aide afin de conduire son projet dans les meilleures conditions se refuse rarement.
Quels scénarios peuvent être envisagés lorsque l’on fait poser sa cuisine ?
Qu’il soit à construire ou existant, appartement ou maison, le cadre dans lequel va s’inscrire la cuisine s’analyse et s’aborde selon différentes dimensions/orientations. L’interlocuteur maître d’oeuvre* que vous, le maître d’ouvrage*, allez choisir, va vous accompagner sur tout – ou partie – du projet… jusqu’à la cuisine finie. Selon votre degré de disponibilité et de connaissance du bâtiment, vous lui déléguerez tout ou partie du projet. Sachez que la valeur ajoutée que ces professionnels apportent à votre projet repose certes sur leur connaissance du sujet mais aussi sur la qualité de l’échange et de proximité que vous tisserez avec eux. S’il n’est jamais exempt de quelques surprises – bonnes ou mauvaises – un projet ne peut aboutir que si l’entente entre les parties est cordiale. Pensez-y avant de démarrer ! Ci-joint un petit lexique qui peut se révéler utile avant d’aborder les questions et réponses qui suivent :
-
- Architecte : DPLG et DESA sont autorisés à déposer un PC au-delà de 170m2. Ils souscrivent une assurance décennale.
- Architecte d’Intérieur : signe les PC pour une surface inférieure à 170m2. Il souscrit une assurance décennale.
- Emprise au sol ou surface plancher : depuis le 1er mars 2012, elle remplace la SHOB (surface hors oeuvre brute) et la SHON (surface hors œuvre nette). Elle est égale à la somme des surfaces de planchers de chaque niveau clos et couvert, calculé à partir du nu intérieur des façades… cf. article R 112-2 du Code de l’urbanisme.
- Maître d’ouvrage = mo : c’est le propriétaire du bâtiment concerné et le commanditaire des travaux qu’il paie.
- Maître d’oeuvre = moe : personne chargée de la conception et de la conduite de travaux pour le compte d’autrui. Architecte, entreprise et cuisiniste le cas échéant.
- Mur vs cloison : les murs porteurs constituent le squelette de la maison et reposent sur ses fondations ; ils assurent la solidité de la construction. Les cloisons légères séparent les pièces entre elles.
- PC : permis de construire, validé par votre mairie ou une DDE
- Réception de chantier : c’est l’acte qui valide la fin du chantier et le point de départ des garanties légales. Elle peut être assortie de réserves par le moe qui seront levées par la suite.
- Vefa : vente en l’état futur d’achèvement = vente sur plan.
Qui sont les intervenants lors de la conception et la pose de la cuisine ?
La question qui vient immédiatement après la décision de faire ou refaire est : « qui fait quoi ? » Le cuisiniste, qui aura le mot de la fin, compose avec d’autres intervenants, entreprise et architecte, selon la nature du projet. La concertation est la clé de la réussite lorsque l’on a pour projet de faire poser sa cuisine.
Quel rôle le cuisiniste joue-t-il ?
Professionnel de la cuisine, il s’appuie sur son réseau d’artisans – parfois même intégrés – pour réaliser votre projet avec les marques qu’il représente. Artisan créateur, ébéniste ou menuisier, il peut aussi réaliser votre plan et vos meubles sur mesure. Sa mission : Après avoir interrogé son client sur son mode de vie, ses souhaits et son budget, il réalise un projet de cuisine qu’il mène jusqu’à la pose complète. Par sa formation, le cuisiniste maîtrise l’agencement – et nombreux sont ceux qui ont une formation d’architecture intérieure – ce qui lui permet une vision élargie de son cadre d’action. Il assure la prise de côtes, le relevé des attentes (eau, électricité…) puis propose un plan d’implantation en fonction de l’offre des marques avec lesquelles il travaille. En y ajoutant quelques bonnes idées qui donnent une plus-value à votre pièce. Ex : ouvrir une cloison, y insérer une verrière qui fera gagner espace et lumière. Si le chantier global est géré par un architecte ou une entreprise générale de travaux, le cuisiniste remettra son plan d’implantation en amont afin de prévoir la partie technique inhérente aux travaux.
Cuisine Cormier. Maître d’oeuvre, Ceteg. Phoro Vincent Begon/Studio Okio
Ses garanties : Même s’il n’y est pas tenu, le cuisiniste souscrit souvent une assurance décennale qui ne concerne pas la cuisine « meublante » mais son cadre ; en cas de dégâts collatéraux (ex. mur effondré avec les meubles de cuisine) sur le gros oeuvre, le cuisiniste est couvert. Mobilier et électroménager sont couverts par les garanties des fabricants ; 2 à 5 ans si extension. Dans l’électroménager, les marques haut de gamme proposent parfois 5 ans de garantie. Ses délai et facturation : La conception et la pose se décomposent ainsi: commande des meubles et électroménager, 6 à 8 semaines de fabrication. La pose prend de 3 à 5 jours selon la complexité de la pièce. Une fois la cuisine montée, le plan de travail est posé. S’il est en stratifié, il aura été commandé en même temps que les meubles ; s’il est en pierre, granit, lave… donc sur mesure, on prend après la pose des meubles le gabarit exact. En attendant sa fabrication, le cuisiniste pose un plan provisoire. En règle générale, le paiement de la cuisine (meubles et électroménager) s’effectue par 30 % du montant du mobilier à la commande et le solde à la livraison chez le client. La pose fait l’objet d’un paiement à part à la journée calculée sur une base de 400€ par jour environ.
Cuisine Cormier. Maître d’oeuvre, Ceteg. Phoro Vincent Begon/Studio Okio
Quel rôle l’architecte joue-t-il dans le projet cuisine ?
En construction ou rénovation, le recours à l’architecte, (loi n°77-2 du 301/1977), n’est obligatoire que si l’emprise au sol* dépasse 170m2, mais vous pouvez bien entendu lui confier un projet moindre. Il souscrit une assurance décennale. Son rôle : il est le maître d’oeuvre du projet général. Il le concrétise en volume et s’engage à respecter le budget fixé : en cas d’impondérables (exemple des fondations spéciales…), il doit en répercuter le coût. Un dossier fait toujours l’objet de nombreux aller-retour afin d’équilibrer les comptes sans dénaturer le projet. Il vous accompagne et défend vos intérêts. Votre projet, c’est aussi le sien. Car ne l’oubliez jamais, faire poser sa cuisine n’est jamais quelque chose que l’on entreprend seul.
Vôtre Cuisine/Eggersmann. Maître d’oeuvre, Jennifer Peter, architecte DPLG. Photo J-F B
Sa mission :
- Restreinte : elle comprend le projet architectural, l’élaboration des plans, le chiffrage des travaux par poste, le dépôt et l’obtention du PC*.
- Étendue : comprend la partie 1 et va jusqu’à la réception finale des travaux. Cela comprend les appels d’offres des entreprises, leur choix avec le client et le suivi du chantier. Il est votre unique interlocuteur et fait l’interface entre les entreprises et les sous-traitants. Il contrôle leurs assurances (obligatoires), les délais d’exécution (signe les ordres de service) et adapte en cours de chantier les modifications si nécessaire. Il signe avec vous la réception de chantier, point de départ de toutes les garanties.
Ses honoraires : Ils se calculent le plus souvent en % du montant total des travaux. S’ils sont de 10 % environ pour une mission globale, dans la mission restreinte ils seront de 30 % de ces 10 %. Ex : montant des travaux 350 00€ soit 35000€ d’honoraires. En mission restreinte, les honoraires sont de 30 % de 35000€ soit, 10500€. Une clause stipule que ce montant est réévalué lorsque le dossier est définitif afin de répercuter d’éventuelles modifications demandées par le client en cours de dossier. Exemple : l’ajout d’une terrasse, qui augmente d’autant le montant initial.
Quel rôle l’entreprise générale de travaux joue-t-elle dans le projet cuisine ?
Son expérience de chaque corps de métier l’amène à gérer tout projet de construction et de rénovation lourde. Cela implique pour le maître d’ouvrage d’avoir en amont planché sur le projet et en aval de suivre le chantier… au quotidien. Elle souscrit une assurance décennale.
Sa mission : chiffrer et détailler le montant des travaux poste par poste. Après accord sur devis, elle coordonne les divers corps de métier dans un ordre précis afin de respecter le délai fixé et écrit au démarrage du chantier. Choisir et gérer les sous traitants, et c’est à elle que vous vous référez en cas de désaccord sur l’exécution. Elle émet les ordres de services au fur et à mesure de l’avancement des travaux qui donnent lieu à règlement de la part du maître d’ouvrage. Ses délais : ils sont mentionnés dans le descriptif des travaux que vous signez au démarrage du chantier. Certains contrats mentionnent des pénalités de retard. Option : Les travaux peuvent être aussi exécutés en corps d’état séparés par des entreprises indépendantes, autonomes dans leur spécialité. Dans ce cas elles sont toujours coordonnées par le maître d’oeuvre ou le maître d’ouvrage lui-même.
Arte & Design Cucine/Veneta Cucine. Maître d’oeuvre, Ceteg. Photo A.R