Conception et réalisation, Tendances et Tradition. Maître d’oeuvre, Cabinet Gilles Maruitte, architecte DPLG. Photo A.R
Construire ou faire rénover sa cuisine?
Sauf à habiter dans une yourte, toute cuisine s’inscrit dans un cadre architectural donné : choisi ou subi. Ce cadre, que nous avons détaillé (ou répertorié) en trois scénarios représentatifs du marché immobilier, et votre mode de vie vont façonner votre cuisine en un projet… unique.
Qu’entend-on par construction neuve?
Vous décidez de faire construire une maison et faites appel à un architecte. Vous lui confiez votre projet, vos envies, vos attentes afin qu’il formalise en esthétique et en volume. Ensemble, vous hierarchisez les priorités selon votre mode de vie et… votre budget. Sur les plans, la cuisine aura donc la meilleur place selon vos critères et l’espace disponible.
La cuisine s’inscrit dans un double rapport intérieur ET extérieur. L’orientation des pièces et les vues qui se prolongent parfois à l’infini participent du bien-être de ses occupants. La cuisine se projette au-delà des murs englobant terrasse, jardin, en un vaste espace exploité au gré des saisons. Autre point-clé dans une maison, la ventilation naturelle qu’il faut équilibrer entre fenêtres et VMC sous peine de dégradation et mauvaises odeurs. Une VMC n’interdit pas d’ouvrir les fenêtres! ». Enfin, conciliant l’ergonomie et l’esthétique, cet architecte prône le retour de l’arrière-cuisine. « Ce local attenant à la cuisine dans l’idéal mais qui peut se réduire à un grand placard, permet de délester la cuisine des objets et provisions encombrants et de lui rendre ainsi son caractère convivial. Une piste qui mérite un peu d’attention et qu’on lui consacre quelques mètres carrés de confort ».
Vous achetez un appartement sur plan en vefa* livré par un promoteur dans un certain délai. La cuisine est figée mais vous pouvez parfois la faire modifier avant d’entrer dans les lieux moyennent un surcoût, ou attendre la livraison et la faire reprendre complètement par une entreprise de votre choix à vos frais. Les normes PMR applicables en promotion imposent de nouvelles règles qui modifient la structure des pièces.
Le regard du pro:
« Le plus difficile dans le neuf sur plan est de saisir le mode vie des utilisateurs… que l’on ne connaît pas. On doit idéaliser et généraliser un plan type qui conviendra au plus grand nombre tout en surmontant les vieux clichés de la promotion, comme celui de l’évier devant la fenêtre, et inventer de nouveaux codes adaptés à notre époque. »
« Les normes PMR imposent aux promoteurs une cuisine d’environ 9m2 exempte de cloison qui se fond avec le salon car la surface est comptée. On en revient donc à la pièce commune d’antan ; en a-t-on vraiment envie? Dans les plans actuels, même en haut de gamme, la cuisine est casée au fond d’une pièce à vivre à l’opposé de la lumière naturelle et des aérations : une aberration totale car on se retrouve à cuisiner dos aux fenêtres sous des leds. Sans parler des odeurs ! Autant de questions cruciales et ouvertes. »
Qu’entend-on par rénovation lourde ?
Maison ou appartement impose parfois de tout rénover pour y poser ses marques. Un challenge d’envergure qui requiert le savoir-faire d’un professionnel confirmé, architecte et/ou entreprise générale de travaux.
La rénovation lourde implique de modifier la structure du bâti (immeuble ou maison) en ouvrant des murs porteurs, déplaçant des cloisons, agrandissant des fenêtres… pour mettre, par exemple, la cuisine à une tout autre place. Ce sont des travaux de gros-oeuvre et de second-oeuvre (circuits d’eau et d’électricité à revoir…) conséquents que ces professionnels vont encadrer et en garantir la bonne exécution
En rénovation, il ne faut pas faire trop vite table rase du passé. Certains « héritages » peuvent poser sur votre cuisine un cachet aussi original qu’inattendu. Un sol d’époque, un mur en pierre, un plafond ou une charpente superbes, une verrière décorée… qui, une fois rafraîchis, retrouveront leur lustre. Le mélange d’ancien et de très contemporain est un pari gagné d’avance. A contrario, les éléments « datés » gâchent l’effet de la nouveauté : un carrelage des années 70/80 aura sûrement tout intérêt à disparaître dans votre nouvelle cuisine. Dans la même logique, garder un appareil ménager voyant va nuire à l’esthétique générale. Certaines « économies » pèsent lourd en termes de rendu décoratif.
Cuisine Comprex. Décorateur Franck Legendre. Maître d’oeuvre, Vincent Vanesse DPLG, agence Acube. Photo J-F B
Le regard du pro :
« D’abord écouter le client et définir au mieux ses attentes. Ensuite sur les lieux, identifier les points durs, ceux qui ne sont pas modifiables. Le cas échéant, nous proposons un bureau d’études s’il faut toucher aux structures de l’immeuble. Nous proposons dans un premier temps les solutions les meilleures, sans retenue ! Ensuite, le client fait un arbitrage selon son budget et ses priorités.
Par exemple : veut-il une super-cuisine ou non? Souvent les clients arrivent avec une idée préconçue mais ils évoluent vers d’autres solutions puisque c’est notre métier d’en proposer. Nous déléguons la cuisine à des cuisinistes que l’on connaît ou à celui choisi par le client. Nous travaillons avec le cuisiniste en amont sur les plans d’installation afin de gérer les travaux dans un ordre logique. « Notre credo est la qualité et le respect des délais », une assurance confort pour le client qui repose sur des professionnels chevronnés. Lors de la réception de chantier, la cuisine est exclue car sous la responsabilité du cuisiniste. Les garanties ne sont pas non plus les mêmes. »
Cuisine Comprex. Décorateur Franck Legendre. Maître d’oeuvre, Vincent Vanesse DPLG, agence Acube. Photo J-F B
Qu’entend-on par rénovation « light » ?
C’est la cas en apparence le plus simple : on ne touche qu’à la cuisine ou… presque, et la cuisine nouvelle va prendre la place de l’ancienne, après un net rafraîchissement ! En effet, selon le temps dont vous disposez et l’état des lieux, de gros travaux ne sont pas toujours envisageables ou nécessaires. Le terme de rénovation « light » signifie qu’on ne touche pas au gros oeuvre. Il s’agit de réaliser des travaux d’aménagement pour mettre la pièce à votre goût. Des cloisons légères peuvent être supprimées, d’autres déplacées et l’espace ainsi recloisonné n’aura plus rien à voir avec celui d’origine ! Il peut y avoir des surprises et mieux vaut s’appuyer sur un bon cuisiniste ou un architecte intérieur entouré de ses artisans qui mènera le chantier à bon port. Ce genre de travaux peut en effet déborder le cadre de la seule cuisine et s’inscrire dans un lifting plus large de votre décor.
Le regard du pro :
C’est un métier élargi qui fait appel à des sensibilités en architecture intérieure et en dessin avec en plus des notions commerciales. Nous avons plusieurs profils dans notre société qui confirment la complexité et la complémentarité des facettes de ce métier. Dans le cas le plus fréquent où nous, cuisiniste, oeuvrons seul, il nous incombe de gérer le chantier en établissant plans, devis et surtout le planning des entreprises intervenant, à savoir maçonnerie, électricité, plomberie, miroiterie et peinture. Nous travaillons avec les mêmes entrepreneurs indépendants mais si le client veut en proposer un ou plusieurs en particulier, nous l’acceptons… dès lors qu’il(s) se coule(nt) dans notre planning. Ce suivi rassure le client qui n’a qu’un référent, le cuisiniste. À chaque étape du projet nous exerçons une surveillance afin de déjouer tout imprévu. Concernant les travaux, les entreprises des divers corps d’état sont payées directement par le client. Le cuisiniste assure quant à lui la réception du chantier de la cuisine. » Pour répondre à une question souvent posée par les clients, « comment se passe la relation lorsque le chantier est mené par un architecte ou une entreprise générale qui assure la maîtrise d’oeuvre générale? » Réponse: sans souci. Le cuisiniste fournit un plan technique, après validation avec son client, afin que le maître d’œuvre général des travaux intègre ces données dans son planning d’exécution. »
Monceau Rénovation/Hardy Inside. Photo A.R
Quelles sont vos garanties ?
Entreprise et maître d’oeuvre souscrivent des assurances que vous devez exiger avant le démarrage des travaux. La réception de chantier que vous signez à la fin des travaux est le point de départ de ces garanties.
Garantie Décennale: elle couvre pendant 10 ans les dommages graves qui « compromettent la solidité de l’ouvrage et le rendent impropre à sa destination » ; elle inclut les équipements solidaires du bâtiment, murs, toiture, canalisations encastrées…. L’architecte et l’entreprise générale souscrivent une assurance décennale. Ils sont responsables personnellement pendant 10 ans des désordres sur l’ouvrage.
GPA: garantie de Parfait Achèvement : elle concerne les désordres constatés lors de la réception du chantier, ou pouvant survenir pendant la première année qui la suit.
GBF: garantie de Bon Fonctionnement : elle couvre pendant 2 ans toutes malfaçons concernant les équipements « non solidaires » de l’ouvrage : peintures, radiateurs, sanitaires, et même portes et fenêtres.
Pour plus d’infos sur ces questions vous pouvez consulter : www.legifrance.gouv.fr dans le Code Civil (art. 1792-1, 1792-2, et suivants) et dans le Code des Assurances (art. L 241, 242 et suivants).
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