Vaste sujet que l’éclairage dans la cuisine… La question mérite d’être mûrement réfléchie lors de la conception du projet et peut, en partie, conditionner l’agencement. Éclairés des précieux conseils dispensés par Pierre Reux, rompu aux secrets d’une cuisine réussie et architecte d’intérieur diplômé de l’école Camondo, tâchons de faire toute la lumière sur ce sujet.

Conception et réalisation de la cuisine, LineaQuattro/Gilles Leone, Total Consortium Clayton.
Qu’il est loin, le temps où, pendouillant depuis le plafond, une seule ampoule à incandescence tenait lieu d’éclairage dans la cuisine ! À l’aune de l’évolution des produits et techniques, les sources de lumière se sont multipliées dans cette pièce à vivre ; on les choisit en fonction des zones à éclairer, dont l’intensité varie selon l’heure dans la journée, l’exposition de la pièce, etc.

Si la cuisine profite d’une lumière généreuse dans la journée, le faux plafond, garni de spots impeccablement alignés, se charge de procurer un éclairage d’ambiance idoine une fois la nuit tombée. Remarquez également que les spots se reflètent dans la table de cuisson de manière très ludique. Conception 3C Cuisines. Cuisine Arthur Bonnet
Assurément, le choix des sources et des types d’éclairage est un bienfait… Pour peu qu’elle se trouve dans la cuisine, la table à manger, par exemple, lieu de détente et de convivialité, ne s’éclaire pas de la même manière que le plan de travail, sur lequel on pose et travaille les aliments ; de même, on peut, selon la fonction du poste ou de la zone à éclairer, préférer une lumière chaude, froide… ou naturelle.
Mon conseil est de prévoir l’implantation des grosses masses, comme les armoires ou les colonnes, au plus loin de la lumière naturelle ; on évite ainsi autant que faire se peut les ombres portées, qui confèrent à la réalisation une impression de lourdeur nuisant à l’ambiance. L’oeil éclairé de Pierre Reux
De manière générale, on distingue trois familles d’éclairage dans une cuisine.
L’ÉCLAIRAGE D’AMBIANCE
Intégrés dans un faux-plafond, un plafond tendu, ou fixés sur des rails ou câbles tendus traversant la pièce, les spots (halogènes ou Leds) sont de plus en plus préférés au plafonnier de jadis. Prévus dans les axes de circulation de la cuisine, ils répartissent la lumière de manière uniforme et plaisante dans la pièce. Certains sont orientables, permettant un éclairage plus ciblé si besoin est. On notera cependant que le plafonnier suffit amplement aux besoins des cuisines les plus petites.

Pourquoi ne pas exploiter au mieux la lumière naturelle ? Atout esthétique, la verrière ménagée dans le plafond baigne la cuisine d’une lumière généreuse : les reflets du soleil sur les meubles en chêne et le carrelage sont un ravissement ! Conception Cosi
L’ÉCLAIRAGE LOCALISÉ
Il est certaines zones ou postes dans la cuisine qui ne souffrent pas d’éclairage chiche ou d’ombre portée par l’éclairage d’ambiance : le plan de travail, par exemple, ou encore l’évier. Pour ce faire, il existe nombre de solutions, tels les spots encastrés sous les éléments suspendus, intégrés au plancher desdits éléments ou à un baldaquin en surplomb.
Si la cuisine dispose d’un vrai coin repas, l’idéal est de ne pas implanter la zone d’assise le dos tourné à la lumière ; le mieux est encore de prévoir un éclairage diffus en surplomb de la table, pile au milieu. Une suspension au-dessus du coin repas vient en rupture par rapport à l’éclairage d’ambiance du faux-plafond et confère à ce lieu une identité propre, une fonction autre que celle de la préparation des plats. L’oeil éclairé de Pierre Reux
On peut également opter pour des réglettes lumineuses, installées sur la crédence ou sous les meubles hauts ; même les petits spots adhésifs à Leds font l’affaire. Des appliques directionnelles fixées au mur au-dessus de la zone choisie ou des suspensions au faisceau ciblé ou réglable en hauteur, baptisés «monte-et-baisse», offrent une alternative intéressante en cas d’absence de meubles hauts. Autre solution, un panneau lumineux en crédence peut tenir lieu d’éclairage localisé et diffuser un halo sur une zone précise. Quelle que soit la technique, on veillera à choisir une intensité proche de la lumière du jour, afin d’obtenir un rendu fidèle des produits alimentaires.

Installés sous les éléments suspendus, les spots offrent un éclairage localisé bienvenu sur le plan de travail intégrant les postes de cuisson et de lavage. Conception DR Cuisines. Cuisine Alno
L’ÉCLAIRAGE LUDIQUE
Une hotte pareille à une sculpture de lumière ou une suspension design viennent apporter une touche déco dans cette pièce réputée technique qu’est la cuisine. Il ne s’agit pas tant d’éclairer que de signaler, ou d’animer. On songe, par exemple, aux bandeaux Leds qui soulignent les contours d’un faux-plafond très graphique ou, éclairant les plinthes de l’îlot, mettent en valeur ses lignes épurées. N’oubliez pas que la lumière, c’est bon pour le moral !

Élégantes en diable, les suspensions (Fuscia chez Flos, design Achille Castiglioni) apportent un éclairage localisé sur la table à manger, sise au centre de la pièce, et sculptent le volume. Quant à leur forme douce et incurvée, elle vient adoucir les lignes très droites de la cuisine. Conception Charles Bigant
VERS UN ÉCLAIRAGE ÉCO-RESPONSABLE
Il en est qui affirment que les bonnes vieilles ampoules à filament ont disparu du marché ; c’est vrai… sans l’être tout à fait. Considérée comme trop énergivore, la lampe à incandescence, qui a pourtant rendu de fidèles services depuis 1878 en matière d’éclairage domestique et tertiaire, fait désormais l’objet d’un règlement européen interdisant sa commercialisation… sauf si cette lampe est considérée comme décorative ; son but n’étant pas d’éclairer mais de faire joli. En ce qui concerne l’éclairage dans la cuisine, nous pouvons cependant parler des ampoules à filaments au passé.

Le pont lumineux reliant les armoires vient atténuer leur aspect massif et les angles hauts, par trop saillants, qu’elles forment. Conception Culinelle. Cuisine Armony
Autre technologie désormais dans le viseur de la réglementation européenne, les ampoules dites éco-halogènes ! Cela pose, en France tout du moins, un problème non négligeable, dans la mesure où les consommateurs privilégient massivement depuis quelques années ces produits plus efficaces et éco-responsables que les lampes à incandescence, mais beaucoup moins que les ampoules fluocompactes ou les Leds. Pour l’heure, les éco-halogènes doivent être retirées du marché français en 2018.

On exploite bien la crédence pour les rangements, pourquoi pas pour l’éclairage ? Conçue comme un panneau lumineux, celle-ci permet d’éclairer le plateau, véritable structure autoportante intégrant les postes de lavage, de cuisson et de préparation. Conception Cuisines Déco. Cuisine Snaidero
Place, donc, aux ampoules à économie d’énergie (dites fluocompactes) et aux Leds ! Dotées d’un tube fluorescent et torsadé, et d’un culot contenant un ballast électronique, les premières émettent des ultraviolets qui sont ensuite transformés en lumière par une couche fluorescente en surface du tube ; on les dit de 5 à 15 fois plus performantes qu’une ampoule à incandescence classique. Leurs détracteurs, cependant, les considèrent comme polluantes et se méfient du taux de mercure qu’elles contiennent, ainsi que des UV qu’elles émettent.

Très graphiques, les jeux de lignes horizontales et verticales qui animent cette cuisine sont soulignés par les Leds dessinant les contours de l’îlot et du faux-plafond. Conception TCC. Cuisines LineaQuattro et Leicht
Quant aux diodes électroluminescentes (Leds), on ne vante plus leurs mérites : durée de vie augmentée de manière exponentielle, très faible consommation électrique, insensibilité aux chocs et aux vibrations, efficacité à basse température, aucune émission de rayonnement UV ou d’infrarouge… quant à leur intensité, jugée trop faible, jadis, pour des applications autres que l’éclairage décoratif et ludique, elle ne cesse de progresser d’année en année !
Disposé sous la fenêtre, l’évier, point clé dans l’agencement de la cuisine, est incontestablement plus sexy que contre un mur ; on peut profiter de la vue sur le jardin, quand il y en a un. Il faudra cependant prévoir, si possible, un éclairage localisé pour éviter les ombres portées, le soir, dans la cuve. Dans l’absolu, la meilleure des solutions demeure l’évier intégré à l’îlot : mais encore faut-il pouvoir amener l’eau et ménager une vidange au milieu de la pièce. L’oeil éclairé de Pierre Reux