Dans une lettre ouverte adressée le mercredi 15 avril 2020 au gouvernement, quinze fédérations de commerçants, dont la FNAEM et la FENACEREM, demandent l’annulation des loyers durant la période de fermeture, et leur indexation sur la réalité de leur activité dans les mois à venir ; « des décisions indispensables à la survie de nos entreprises, de nos magasins, de nos emplois« , précisent les signataires.
« L’appel à l’aide des commerçants : de votre médiation dépendent 400 000 emplois ! » Le ton est donné… Dans la lettre ouverte qu’ont reçue ce mercredi 15 avril 2020 Édouard Philippe, Premier ministre, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances et Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, le commerce, par la voix de quinze puissantes fédérations*, tire la sonnette d’alarme :
Les commerces, quelle que soit leur taille, subissent une perte de chiffre d’affaires considérable. En cette période de crise, ne pas mettre la clé sous la porte implique d’assumer des coûts de fonctionnement lourds, incompressibles et impossibles à supporter : avance du paiement des salaires, poids financier des stocks de marchandises, règlements des fournisseurs… Nous avons tous fait des choix forts mais coûteux pour préserver la chaîne de production, indispensable à la reprise économique post-crise.
Et les signataires de dénoncer, alors que les loyers représentent jusqu’à 20% du chiffre d’affaires de la profession, le comportement des représentants des bailleurs, notamment les plus grands des centres commerciaux, qui « demandent aux commerçants de payer leurs loyers alors même que les magasins sont contraints de rester fermés. Cette position témoigne d’une absence totale de compréhension de l’ampleur de la crise et de ses conséquences sociales à venir. »
Comment les commerces pourraient-ils payer leurs loyers s’ils ne peuvent pas ouvrir leurs portes et qu’ils ne réalisent aucune activité ? Comment payer un loyer à taux plein dans les prochains mois alors que nous savons que l’activité sera considérablement réduite ?
Précisant que les prêts garantis par l’Etat ne peuvent pas servir à payer les reports de loyers, le commerce formule ainsi une demande claire :
Dans ce contexte, nous demandons donc l’annulation des loyers durant la période de fermeture, et leur indexation sur la réalité de notre activité dans les mois à venir. Ce sont des décisions indispensables à la survie de nos entreprises, de nos magasins, de nos emplois.
Les auteurs de la lettre se disent conscients de l’importance de l’effort collectif que chaque acteur économique doit assumer en ces temps de crise sans précédent. Ils rappellent cependant que, « ces deux dernières années, une succession de blocages et de manifestations ont fortement dégradé la santé financière de nos entreprises. Nous avons su faire face, non sans douleur, et avons toujours payé nos loyers, nos niveaux de rentabilité en ont été affectés. » Aujourd’hui, c’est un geste de solidarité et de justice qu’ils demandent à leurs bailleurs.
L’avenir de nos entreprises et de nos emplois en dépend. Obliger les commerçants à payer leurs loyers alors que leurs magasins sont fermés reviendrait à asphyxier à petit feu les entreprises en leur imposant des charges fixes qu’ils ne sont pas en mesure de supporter. Les modèles économiques des acteurs de l’immobilier commercial de toute taille et des commerçants sont extrêmement différents : leur fonctionnement, leur résilience aux aléas, les emplois en jeu et les marges dégagées n’ont rien de comparable. L’immobilier s’inscrit dans le long terme et doit avoir des locataires pour exister. On ne peut pas sacrifier aujourd’hui les commerçants pour assurer la rentabilité de court terme de l’immobilier, par ailleurs en excellente santé financière. Sans locataire commerçant demain, les locaux commerciaux ne vaudront rien. Sauver les magasins, c’est sauver l’immobilier commercial.
Aussi les signataires demandent-ils en urgence au gouvernement d’étendre à tout commerçant, quelle que soit sa taille, les dispositions de l’article 4 de l’ordonnance du 25 mars 2020 interdisant aux bailleurs d’appliquer des pénalités de retard, d’exécuter les clauses résolutoires ou d’activer les clauses résolutoires, cautions et garanties bancaires ; des mesures fortes qui, estiment-ils, sont les seules capables de permettre à tous les commerçants de traverser la crise, de relancer l’activité et de sauver les emplois dans les prochains mois.
*Signataires :
Christian Pimont, président de l’Alliance du Commerce.
André Balbi, président du Rassemblement des Opticiens de France.
Antoine Barreau et Hervé Dijols, présidents du Syndicat National de la Restauration Thématique et Commerciale.
Christian Bouldoires, président de l’Union de la Bijouterie Horlogerie.
Michel Bourel, président de la Fédération Française de la Franchise.
Thierry Doll, président du Syndicat des entreprises prestataires de services Sports et Loisirs.
François Feijoo, président de la Fédération Procos.
Philippe Gueydon, co-président de la Fédération des Commerces spécialistes des jouets et produits de l’enfant.
Esther Kalonji, déléguée générale de Syndicat National de l’Alimentation et de la Restauration rapide.
Eric Mertz, président de la Fédération nationale de l’Habillement.
Eric Plat, président de la Fédération du Commerce coopératif et associé.
Carine Shafroth, présidente du Syndicat National de la Restauration Publique Organisée.
Jérôme Valentin, président de l’Union Sport & Cycle.
Jean-Charles Vogley, secrétaire général de la Fédération du commerce et services de l’électrodomestique et du multimédia et de la Fédération française du Négoce de l’Ameublement et de l’Équipement de la Maison.