Qu’est-ce que j’apprends ? Un article très incisif de Stephen Boucher, publié l7 décembre sur le site Internet consoglobe.com, fait état d’une enquête établissant que certains fabricants d’électroménager « surestimeraient délibérément les performances énergétiques de leurs produits. » Rhôôô !
Menée par une coalition d’ONG baptisée Cool Products for a Cool Planet, cette enquête précise que la faille dans le système proviendrait d’une marge d’erreur surévaluée en ce qui concerne les déclarations d’efficacité énergétique qu’effectuent les fabricants pour les produits qu’ils conçoivent et commercialisent. Beaucoup trop généreuse par rapport aux progrès effectués en ce qui concerne les tests en laboratoire, cette marge d’erreur permettrait à certains fabricants peu scrupuleux de gonfler un chouia les résultats communiqués par le bais, notamment, de l’étiquette énergie. Avec, pour les consommateurs européens le coût supplémentaire que l’on sait, ou que l’on imagine, en dépense énergétique supplémentaire. Cool Products l’évalue à 2 milliards d’euros.
L’enquête cite notamment une source anonyme qui, vétéran de l’industrie de l’éclairage, corrobore la pratique généralisée et endémique dans son secteur : « Les fabricants veulent construire des appareils moins chers, et donc installent des composants de moindre qualité, sachant que les tolérances peuvent absorber la baisse de performance, explique cette source. Ils exagèrent aussi la durée de vie des produits. »
L’enquête précise cependant qu’il n’existe pas de preuve – à défaut de forts soupçons – que ces pratiques seraient répandues dans des secteurs autres que l’éclairage. Tout le monde, pourtant, se souvient des actions en justice intentées il y a quelques mois par Dyson contre ses concurrents Bosch et Siemens ; l’industriel britannique accusait les marques du groupe BSH d’avoir truqué la mesure de puissance de certains de leurs aspirateurs.
Mais attendez, ça n’est pas fini : la Commission européenne étoufferait l’affaire, d’après l’enquête, et ferait traîner en longueur les réformes nécessaires afin d’éviter qu’un séisme à la sauce Wolkswagen devienne viral. La société Electrolux se serait même formellement indignée d’une telle pratique, précisant que cette décision rendrait la vie plus difficile pour les entreprises honnêtes.
Cité dans l’enquête, le coordinateur de la plate-forme Cool Products précise : « Volkswagen a fait du bruit et les régulateurs européens se sont réveillés. La même chose pourrait se produire avec des appareils ménagers, mais la direction de la commission européenne préfère se rendormir. Les échanges commerciaux sont au cœur du projet européen, donc on pourrait penser qu’ils souhaiteraient accélérer ce type de réforme, plutôt que de les enterrer. Tant que leur attitude ne changera pas, le terrain de jeu penchera en faveur de ceux qui sont prêts à tromper leurs clients. »
Après parution de son article, Stephen Boucher en a effectué une mise à jour en précisant que, depuis la révélation de l’affaire par Cool Products, le processus politique s’est remis en marche, « la commission européenne annonçant dans un tweet qu’un amendement serait soumis pour refermer le trou réglementaire. » Il a notamment publié le tweet suivant, publié par Robert Nuji, responsable du dossier efficacité énergétique à la Commission européenne.
@Energy4Europe @EU_Commission Inter service consultation to tackle misuse of tolerances in #euEcodesign #energylabel is launched!
— Robert Nuij (@RobertNuij) 18 Décembre 2015
Eh ben voilà : quand on veut, on peut ! Ce qui est certain, c’est que l’affaire Volkswagen n’a pas fini de faire des vagues…